Comment bien préparer sa saison de morilles (3/5) :

Afin d’aider un maximum de personnes dans la quête du Graal, voici un article divisé en 5 parties composé de conseils utiles dans la recherche des précieuses morilles. Cet article est destiné à un public d’amateurs qui, pour le moment, sont à la recherche de leurs premières places. Mais, également à des gens plus avertis qui ne connaissent pas encore tout de ce précieux champignon. Je vous laisse découvrir cette troisième partie.
Cette fois-ci, nous allons aborder le sujet sans doute le plus important, le bon biotop de la morille.

Vous pouvez retrouver une de mes 4 autres parties en cliquant sur le titre qui vous intéresse :
– Première partie : La taille des morilles, l’éternel débat !
– Deuxième partie : Les différentes sortes de morilles.
– Quatrième partie : Quand aller cueillir des belles morilles ?
– Cinquième partie : L’exposition influence t-elle la pousse des morilles ?

3ème partie : Le bon biotope.

Un abonné de ma chaîne YouTube m’a un jour interpellé pour me dire que malgré ses recherches, il n’avait pour le moment jamais trouvé de morilles. Tentant de l’aider dans sa démarche, je lui ai demandé la région dans laquelle il prospectait…
Je n’ai rien pu lui conseiller d’autre que de déménager. Effectivement, sa région n’est clairement pas adaptée à la présence des morilles.

Voici les 2 cartes de répartition de la morille que vous avez pu découvrir dans l’article précédent :

Mais pourquoi donc ?

Avant toute chose, sachez que la réalité est beaucoup plus complexe que ce que je vais tenter d’expliquer. Le but n’étant pas d’écrire un article à vocation scientifique, je vais donc vulgariser un maximum. En moyenne, on ne sera pas loin de la vérité…

N’y allons pas par quatre chemins, la chose élémentaire à savoir est que la morille pousse dans des endroits calcaires et sur un sol bien drainé, non argileux.

Le bleu est pas mal !

Génial, mais bon…

Comment reconnaît-on un sol propice à la morille ?

Il y a pour cela 2 techniques bien distinctes :

Technique 1 : À l’ancienne, celle où vous devez vous bouger les fesses.

Vous devez prendre votre courage à deux mains et vous promener en forêt. Là, vous comprendrez tout de suite, grâce à la végétation présente, si vous vous trouvez en zone calcaire ou pas.

Certains lieux sont à fuir directement. Si durant vos prospections, vous apercevez n’importe quel type de bruyères, de genets ou des fougères alors, ne perdez pas votre temps.

Voici une liste non exhaustive et rangée dans l’ordre alphabétique de la végétation que vous rencontrerez en zone calcaire :
Précisons avant toute chose qu’un seul indicateur n’est pas suffisant à conclure que nous sommes au bon endroit. Effectivement, le lierre par exemple peut se trouver en zone acide…
Vous trouverez en dessous de cette liste toutes les photos de ces plantes.

  • L’ail des ours (Allium ursinum)
  • L’anémone jaune ou blanche (anémone ranunculoide)
  • L’aspérule odorante (Galium odoratum)
  • La dryade à 8 pétales (+ de 1000 mètres) (Dryas octopetala)
  • L’épervière des murs (Hieracium murorum)
  • L’euphorbe des bois (Euphorbia amygdaloides)
  • La ficaire (Ranunculus ficaria)
  • L’hellébore fétide (Helleborus foetidus L.)
  • Le lamier tacheté (Lamium maculatum)
  • Le lierre rampant (Hedera helix L.)
  • Le lierre terrestre (Glechoma hederacea)
  • La mercuriale vivace (Mercurialis perennis L.)
  • L’orchis mâle (Orchis mascula)
  • La parisette à 4 feuilles (Paris quadrifolia)
  • La petite pervenche (Vinca minor L.)
  • La primevère officinale (Primula veris)

Technique 2 : La géologie, vous connaissez ?

La géologie, est par définition, la science qui étudie la structure et l’évolution de l’écorce terrestre, autrement dit… du sol.

Ou pousse les morilles ? Sur le sol !

Et donc ?
Il vous faut chercher des zones calcaires sur des cartes géologiques.

Et après, où trouver la morille ?

Maintenant que vous êtes sur un secteur propice, il ne vous reste plus qu’à jeter l’œil au bon endroit.

La zone la plus simple mais également la plus rentable se trouve en bordure de bois. J’en développerai sans doute les raisons un de ces quatre…
Le bord des cours d’eau est également un bon endroit. L’humidité y étant maintenue, c’est un des facteurs de pousse.

Les bons arbres…

Une fois sur la zone, vous devez chercher les plantes et arbres qui vivent en associations avec la morille. C’est là où vous trouverez vos champignons.
Le plus connu est sans contestation le frêne ! Dès que vous voyez un frêne, vous devez vous y rendre !
La morille pousse également au pied des noisetiers, ormes champêtres, charmes, sorbiers, érables, sapins, épicéa, pommiers, merisiers, sureaux, houx, aubépines, tilleul, les lilas, le robinier.
Bref, tous les arbres qui contiennent de la sève sucrée. Effectivement, la morille aime les glucides, comme moi !
En fait, la morille se nourrit du glucose contenu dans la sève des arbres. Sucre qui se libère dans la terre par les parties abîmées des racines des arbres.

Sachez également que la morille déteste la concurrence, elle aura donc en grosse majorité tendance à pousser au pied de son arbre mais sur un sol nu. Pas besoin de passer tout son temps dans des champs d’ail des ours, de ficaire ou de mercuriales. Je ne dis pas que vous n’en trouverez jamais, mais vous aurez beaucoup moins de chance.
Elle ne rechigne cependant pas la présence du lierre rampant, de l’épervière des murs, et du lierre terrestre.

Zone parfaite pour la morille conique !

Vous devez savoir aussi que le système racinaire des arbres peut s’étendre pour certains jusqu’à 2 fois la taille de la canopée de ceux-ci. Ne vous contentez donc pas de chercher les morilles à côté du tronc.

Des endroits insolites…

Enfin, la morille a tendance également à pousser dans des endroits insolites comme :

  • Les zones incendiées : Car les cendres enrichissent le sol de potassium, de silice et de calcium. De plus, toute forme de concurrence a été brûlée. Tout bénéfice pour les morilles. La pousse se produit 1 à 2 ans après un incendie.
  • Les mises à blanc : Aucune concurrence. Dus à l’absence des arbres, la sève et donc le sucre contenu dans les racines de ceux-ci se libèrent directement dans le sol l’année qui suit la coupe.
Une mise à blanc en zone de morilles. Parfait !
  • Les endroits où il y a eu des travaux avec des engins lourds : Les machines qui en abîmant les racines laissent des échappatoires pour que le sucre des racines se propage dans le sol.
  • Les décharges : Le sol y est riche en ammoniac, un dérivé du sucre. La concurrence avec d’autres plantes y est nulle.

La petite anecdote !

Je terminerai cet article par une petite anecdote sur le sujet.

Un de mes oncles, qui a l’habitude de toujours rentrer par son garage, a un jour fait tomber un sac de chaux à l’entrée de celui-ci, il a éclaté et tout s’est rependu sur l’herbe. Il s’en est suivi l’année d’après une exceptionnelle et brève pousse de morilles devant son garage.

Pour en savoir plus…

N’hésitez pas consulter la vidéo que j’ai réalisée sur ce même sujet, il est possible que vous y trouviez d’autres conseils…

https://youtu.be/eljIXgnro90